Blog de Catherine

03.10.2007

Lapiez

Filed under: De tout et de rien — Catherine Martinson @ 8:30

J’ai un faible pour les transitions: crépuscules, aubes, étage subalpin, no-man’s-lands des frontières.

Dimanche, je me suis plongée dans une transition somptueuse, la région des lapiez qui séparent le Valais du canton de Berne. Au barrage de Zeusier, les lambeaux de brouillards ne parviennent pas à cacher le turquoise ravageur du lac et sa couronne d’arbres dorés. Il faut passer ensuite la falaise qui bouche le cirque dans lequel se prélasse le lac. Les dents de scie du chemin permettent d’éviter toute escalade, et voici soudain la longue plaine secrète qui méandre entre la chaîne du Wildhorn et les petits sommets qui ponctuent la fin du massif du Wildstrubel. Là ce sont lapiez, calcaires bruns et soucieux,  petits lacs étonnants et marais cachés par la neige. La lumière se fait généreuse, le silence converse avec les pierres. Malgré les gouilles, c’est la zone où l’eau disparaît. Le lapiez est peut-être traversé par des animaux-contrebandiers, qui se faufilent dans les dernières poches tranquilles des Alpes.

Le col du Rawyl mérite un point de suspension: d’un côté on parlera bernois, de l’autre, valaisan. L’herbe est rousse et les roches persistent dans leur couleur brune et butée.

Une moraine raide bordant un glacier minuscule, un glacier relique, conduit à la cabane du Wildstrubel, puis au col du Weisshorn. Et là, même si la pierre reste reine, même si la roche reste roche, c’est un autre royaume. Le versant de la Plaine Morte est jonché de cailloux gris, les lapiez sont plus pâles, la solitude minérale reste grande, malgré l’ombre des installations mécaniques au loin sur la crête. Dans le vaste creux de pierres qui permet de rejoindre le flanc de gazons qui ramène au barrage, on a envie de s’arrêter, construire un cairn, écouter les cailloux murmurer des inconnues entre eux.

2 commentaires »

  1. Fiou! quel texte! tu écris magnifiquement

    Commentaire par moukmouk — 04.10.2007 @ 13:07 | Réponse

  2. Pffff, j’ai tellement envie que tu m’y emmène un jour, l’automne en Suisse me manque. Ici, tellement d’essences ne perdent pas leurs feuilles que c’est à peine si on le voit passer.

    Mais bon, si je grimpais là haut avec toi, ce serait pour courrir derrière, essoufflée comme une laie furibarde !

    Bizzzzzzz

    Commentaire par La Frangine — 12.10.2007 @ 12:43 | Réponse


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